Séances d'écoute
Nous sortirons de nos cuisines
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La première troupe de théâtre féministe québécoise, le Théâtre des Cuisines, voit le jour en 1973. Elle naît de ce désir de nommer que la vie privée est politique, et que la transformation du monde ne saurait se faire sans la parole, le regard et les actions des femmes. Leur première pièce, Nous aurons les enfants que nous voulons, est jouée le 8 mars 1974 devant 3000 personnes à Montréal. Jamais une pièce de théâtre n’a été consacrée à l’avortement au Québec, un crime alors punissable d’une peine de prison. Môman travaille pas, a trop d’ouvrage !, aujourd’hui un classique du théâtre féministe, est lancée l’année suivante. Avant-gardiste, la pièce porte sur le travail invisible. En 1980, As-tu vu ? Les maisons s’emportent ! met en scène la charge mentale, bien avant l’heure. Des enjeux et des luttes qui résonnent encore aujourd’hui, fortement. À travers les quatre épisodes de Nous sortirons de nos cuisines, Jenny Cartwright fait revivre l’histoire de la troupe et trace en filigrane celle du militantisme féministe québécois.
Épisode 1 – Nous aurons les enfants que nous voulons (1968-74) – 62 min
Samedi 16 mars, 18:00 – En présence de Jenny Cartwright, David Cherniak
Montréal, 1973. La loi canadienne autorise désormais l’avortement. Mais les critères sont très restrictifs et les femmes dépendent du bon – ou plus souvent, du mauvais – vouloir des hommes siégeant sur les comités qui les permettent ou les refusent. Le Québec est la province où il est le plus difficile d’interrompre une grossesse non désirée, et les avortements clandestins sont fréquents : ils sont la principale cause d’hospitalisation des femmes. Mais la société québécoise est en pleine ébullition, et la lutte pour l’avortement libre est gratuit est en marche tandis qu’une génération entière s’affranchit de l’emprise de l’Église catholique. C’est dans ce tumulte et cette fougue que la première troupe de théâtre féministe québécoise, le Théâtre des Cuisines, voit le jour. Leur première pièce le clame haut et fort : désormais, Nous aurons les enfants que nous voulons.
Épisode 2 — Môman travaille pas, a trop d’ouvrage! (1974-75) – 61 min
Dimanche 17 mars, 18:00 – En présence de Jenny Cartwright, David Cherniak
L’ONU déclare 1975 l’Année internationale de la femme, ironiquement enfermée dans son singulier. C’est une époque charnière : de plus en plus de femmes divorcent ou font leur entrée sur le marché du travail. Or, une grossesse suffit pour justifier un congédiement, et les congés de maternité n’existeront pas avant 1979. Les membres du Théâtre des Cuisines remontent sur scène avec leur deuxième pièce, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage !. Cette fois, les ménagères font la grève. Première publication des Éditions du remue-ménage en 1976, elle est rééditée en 2020 alors que les femmes portent sur leurs épaules le poids des confinements liés à la pandémie de COVID-19.
Épisode 3 — As-tu vu? Les maisons s’emportent! (1979-81) – 60 min
Lundi 18 mars, 18:00 – En présence de Jenny Cartwright, David Cherniak
La première de As-tu vu ? Les maisons s’emportent ! a lieu 10 jours avant le premier référendum sur la souveraineté du Québec. Un vent de conservatisme souffle sur l’Occident : les politiques de privatisation profitent à ceux qui ont déjà tout, et on assiste au démantèlement progressif de l’État et du bien commun. Carole Fréchette propose « Et si on faisait un spectacle? Mais cette fois, on devrait faire un spectacle qui parle de nous, femmes de 30 ans, militantes, féministes, de notre réalité. Dans Môman travaille pas, on parlait des ménagères, mais c’était pas nous ». Dans la troupe comme dans la société, les femmes lesbiennes tentent de créer des espaces où elles seront enfin libres de nommer leurs réalités. La pièce aborde surtout la charge mentale, bien avant l’heure. Les comédiennes portent des sacs à dos qui ont la forme de leurs maisons : « Nous sommes sorties de nos maisons. Mais les maisons ne sont jamais sorties de nous. Alors maintenant, les maisons s’emportent » !
Épisode 4 — Épilogue : on a réussi, mais on n’a pas fini (1982-2024) – 63 min
Mardi 19 mars, 18:00 – En présence de Jenny Cartwright, David Cherniak
Au sein de la troupe, la vague de départs amorcée du temps de As-tu vu ? Les maisons s’emportent se poursuit, et les routes se séparent. Militer est un travail qui ne finit jamais : parfois, ça épuise. En 2006, 30 ans après le discours du 8 mars 1976 qui clôt le premier épisode de Nous sortirons de nos cuisines, les Québécoises gagnent leur bataille pour la gratuité de l’avortement : dorénavant, les interruptions volontaires de grossesse sont couvertes par l’assurance-maladie. L’avortement est libre et gratuit, enfin. Mais pour chaque éclaircie où elles réussissent à prendre ou à reprendre leurs droits, les femmes doivent traverser le déferlement du backlash. Comme le dit Solange Collin, « on a réussi, mais on n’a pas fini ».
FORFAIT SPÉCIAL : Assistez aux quatre séances d’écoute pour 20 $.
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