De la Patagonie au Nunavut, au cours de quatre années, Carlos Ferrand a revu des amis chers, des hommes et des femmes rencontrés jadis lors de ses vagabondages américains : des parents, des cinéastes et professeurs, la cuisinière de son enfance, un médecin, tous porteurs d’une mémoire et d’histoires fortes et signifiantes, qu’il a voulu tirer de l’ombre. Des histoires qui témoignent des grands bouleversements politiques des dernières années et qui nous invitent, chacune à leur façon, à un questionnement sur l’identité.
Americano nous laisse le souvenir du plus beau legs qu’un immigrant peut faire à son pays d’accueil : lui raconter d’où il vient et lui parler de la blessure de l’exil. Il laisse le souvenir d’un cinéaste qui chante, d’une cuisinière qui sait parler aux animaux, d’un chasseur d’ombres et de peuples disparus, de lutteurs masqués et de sacrifices humains, d’une prière à la Santa Virgen de la Guadalupe, d’hommes et de femmes qui se battent pour la justice ; souvenir aussi d’un chant gospel et d’un poème d’Aimé Césaire; et enfin de « la princesse d’un futur incertain » et des espoirs d’un cinéaste pour un continent.
Vaste par le territoire qu’il embrasse, le film demeure un voyage intime par le regard qu’il pose et la parole qu’y tient Ferrand. II se déploie comme un long chant de blues inspiré par la présence des peuples fondateurs. Americano est inclassable: road movie, plongée dans la mémoire, journal intime, film engagé sans être militant, film poétique empreint d’une profonde humanité.
Le coup de cœur de Emanuel Licha
ZO REKEN
dès le 18 mars
STF - Sous-titres français
STA - Sous-titres anglais